lundi 12 septembre 2011, par Sanvin (20/100)
Depuis quelques années que je bosse pour une grosse boite, nous avons peu à peu changé notre fusil d’épaule !
Au début, quand je suis arrivé avec ma naïveté, pour convaincre du bien fondé de la démarche de mise en accessibilité web, j’utilisais (et mes camarades aussi) comme principal argument : "Moralement, la mise en accessibilité est un devoir pour permettre aux personnes handicapées d’utiliser le web, qui sans cela ne peuvent, tout simplement, pas accéder au contenu". Il en découlait d’autres arguments du type : plus de trafic donc plus de business, améliorer de l’image de l’entreprise...
Cependant, face aux marketeux, maîtrises d’ouvrage et autres décideurs, cet argument a maintes fois montré ses limites et fait voler en éclat mes candeurs juvéniles.
Ce n’est pas seulement par manque de considération, mais c’est simplement humain : on ne veut pas imaginer les personnes en situation de handicap car elle renvoie une image que l’on refuse d’endosser.
Quel « précheur » en accessibilité n’a pas entendu ces phrases toutes faites qui balayent des trésors de diplomatie que nous déployons pour convaincre nos interlocuteurs, souvent décideurs !
Tout ceci nous a amené, en interne, à repenser notre argumentation sur les avantages de l’accessibilité, lors d’un gros travail de groupe.
Y-a-t-il du nouveau sur ce front...
Ne pas se focaliser uniquement sur l’accès au contenu pour les personnes handicapées. En effet, pour toute justification de l’application d’un critère en regard d’un handicap, il faut également essayer de trouver un avantage pour le reste du public (clients... enfin, non, utilisateurs).
Le dicton du jour [1] est donc :
l’accessibilité web, une nécessité pour certains, un avantage pour tous !
En gros, c’est le concept de Design For All (conception centrée utilisateur) déclinée à l’accessibilité numérique, prévoir l’accès entre autre aux personnes handicapées et un bon investissement pour la communauté des utilisateurs.
Et là, je vous déjà vous gausser et me railler : "le petit rigolo, y croit que c’est facile de trouver de tels arguments, hein !".
Eh bien, dans mon immense bonté et mon dévouement à la cause du web accessible, je vais vous dévoiler quelques arguments chocs qui vont faire s’effondrer les murs du refus (et la face de rat des méchants) !
Avec l’avènement du web mobile et des Smartphones, les problèmes de bande passante se font cruellement sentir.
Alors là, on en profite pour placer un : "un site utilisable sans CSS (Cascading Style Sheet) peut donc fonctionner lorsque le chargement des CSS se fait mal, partiellement ou pas du tout !" .
Pour les adeptes du : « le site doit fonctionner sans JS (JavaScript) » ; ben, même combat, si le JS peine à se charger, ça ne fonctionne plus si on ne l’a pas prévu en amont !
Hé hop, 1-0, balle au centre !
Que dire de ceux qui volontairement, du fait de leur bande passante faible, n’affichent pas les images, juste que, pour eux aussi, l’alternative est vitale.
Là vous sentez... on marque des points !
Té, on en rajoute une couche : le handicap technologique.
Eh oui, si j’ai un écran tout pourri, mal réglé trop ou pas assez
lumineux. Ici, j’ai besoin d’un contraste de couleur suffisant, n’est-ce pas ?
Ah et si j’ai une bécane toute vieille, qui tourne au ralenti. Là, un
gros Flash/Flex ou Silverlight des familles et hop, je pédale dans la
semoule donc une version alternative et j’ai tout de même l’info.
Du même acabit, une souris bien fatiguée et la possibilité de fonctionner aussi qu’au clavier prend tout son sens.
Je n’ai pas de haut-parleur ou ils fonctionnent mal ou pas du tout, le
fond sonore est trop important et qu’en plus je suis dans un open-space sans casque (la totale quoi !), je veux mes sous-titres aux vidéos pour accéder à l’info sonore !
Pof, un bourre pif dans son gros nez !
Bon et les techno-faibles, comme je les appelle, autrement dit les acculturés du web, ça c’est beaucoup de monde, au moins 80% du 3ième âge, déjà.
Eux, le souci, c’est un peu de tout ce que nous avons vu : contraste,
manipulation de la souris, audition...
Plus, une peur panique lorsqu’on leur propose une mise à jour des
plugins, mais aussi du navigateur, ils ont peur des virus !
Donc là, faut éviter le tout dernier plug Flash/Flex/Silverlight ou
Java VM (Virtual Machine) qui déchire sa... parce que là on les perd
direct.
Même combat avec des vidéos nécessitant ces même plugins, il faut donc proposer une alternative, un transcrit.
Ouah, je sens le KO qui approche les gars !
Tiens, et toujours pour les accros du web mobile et Smartphone :
Ah, il est à terre ! 1, 2, 3...
Pour ce dernier envoi (et je touche !), en vrac, les personnes
maîtrisant mal le français, des sous-titres sont les bienvenus, ceux
qui sont en déplacement avec leur machine portable, ils aiment beaucoup pouvoir ne pas avoir à utiliser le touchpad et autre mini-souris, car ça use, et en plus syndrôme du canal carpien dû à l’usage intensif de la souris, nous guette (j’suis trop sympa de penser à vos mimines).
On rallonge la sauce avec le handicap temporaire, on se foule un
poignet, on a bobo aux yeux... toutes ces situations transitoires qui
demandent plus d’accessibilité web.
Et si on sémantise le code, qu’on met globalement des alternatives
(images, vidéo, son...), l’utilisateur trouvera plus facilement du
contenu pertinent via un moteur de recherche interne ou externe.
...8, 9, 10, KO ! Et le vainqueur est l’Accessibilité !
Alors heureux de cette belle boite à outils de l’argument de choc qui ne se focalise pas sur le handicap. Ça donne du punch et du poids à votre argumentation face aux décideurs, non ?!
Maintenant, si vous avez d’autres exemples pertinents, je suis preneur ! Avis aux commentaires, à vous les studios !
Ps : merci à mes relectrices, Julie et Patricia et leurs corrections pertinentes !
[1] il est de moi et je le trouve bon, je sais je me contente de peu, mais tant pis