On peut, donc, dégager certains stéréotypes, certains grands traits de caractères de la population, peu conventionnelle, des « experts » en accessibilité. Tout le monde peut (doit ?) s’y retrouver :

Le prosélyte : l’accessibilité mangez-en, ceci est mon corps !

Convaincu du bien fondé de la démarche de mise en accessibilité et des avantages qui en découlent, il arpente les chemins du web avec son clavier de pèlerin et son lecteur d’écran béni, en prêchant à tous la bonne parole : « mes frères, j’apporte la bonne nouvelle, rendez accessibles vos sites et vous serez sauvés des démons du web ».

C’est un rêveur parfois un utopiste, mais la cause avance aussi grâce à lui !

Le troll : « L’accessibilité est comme la terre, plate, c’est comme je vous dis ! »

Tout est bon pour lancer une bonne polémique. Il a des idées bien arrêtées sur les sujets sur lesquels la communauté est partagée ou n’a pas de réponse tranchée, et se lance dans des prêches qui saoulent tout le monde, sur les blogs, les listes de diffusion, tout ce qui peut buzzer, afin de démontrer que de toute façon, c’est lui qui a raison. Il relance le troll dès que quelqu’un s’exprime sur un sujet proche (parfois, le sujet ne s’y prête même pas !), il saisit la balle au bond pour la ramener. Enfin, c’est un gros troll velu comme y’en a ailleurs, à fuir, débats stériles et tournages en rond en perspective !

En clair, ça use, ça énerve et on finit par ne plus du tout les écouter, comme ça c’est gagné…

Le fanatique ou le vengeur : « Tuez les toutes, Dieux reconnaitra les pages accessibles ! »

À la moindre parole peu orthodoxe, hors du dogme, il saute sur son fougueux destrier et pourfend le mécréant, sus au blasphémateur, aucun arrangement ou concession n’est possible. On ne sait pas pour qui il peut bien travailler, pour quel client ? De toute façon, lui seul détient la vérité et vous explique gentiment (ou pas) que vous n’avez rien compris !

Il a des projets de grande envergure pour imposer à tous et industrialiser l’accessibilité afin que, dans son monde idéal, l’accessibilité soit la base, le fondement de tout projet, quitte à l’imposer à la force de l’épée. Bien sûr, personne ne voit jamais rien arriver mais il a toujours plein de bonnes idées.

Le problème, c’est que des gros relouds comme ça te plombent tous les efforts que tu fais pour faire passer par la méthode douce, par force argumentation et démonstration, auprès de tes clients la mise en accessibilité. Ils sont contre productifs et néfastes ! Ils ont encore cette vieille perception de l’accessibilité en blanc et noir : c’est accessible ou ça ne l’est pas, pas de place à l’évolution progressive dans la mise en accessibilité.

Je les aime… pas !

Le débutant ou le besogneux : « la règle, que la règle et pas l’esprit »

En appliquant à la lettre, comme on lui a appris, les recommandations, il fait de l’accessibilité juste une manière de coder. En codant « comme il faut », on est obligatoirement accessible.

Les rituels et les cérémonies respectées, le dieu de l’accessibilité nous remercie en rendant le site accessible…juste que c’est pas aussi manichéen.

Le pratico-pratique : « fait ce que dois, advienne que pourra ! »

Plutôt que d’appliquer les tables de la loi (WCAG, RGAA…), essayons d’analyser le contexte d’utilisation, optimisons et adaptons-nous pour le mieux. Omettre l’étude du contexte d’utilisation d’une appli ou site, intranet ou internet, … est une aberration, les WCAG peuvent parfois empêcher d’optimiser l’accessibilité comme l’ergonomie. Du moment que la décision est justifiée et justifiable et que le gain pour l’utilisateur est réel, sans perte d’information, alors adaptons-nous. Sacrilège, morbleu, pour certains, c’est une abomination. Mais pour ce laïque : l’esprit prévaut sur la règle, car le but final est d’améliorer l’expérience utilisateur tout en étant accessible.

Voici une rapide typologie des principales caractéristiques psychologiques dans ce microcosme des « experts » en accessibilité. Bien évidemment celles-ci peuvent se combiner, imaginez un fanatique troll !

Malheureusement, j’en connais.

DES NOMS, des noms !!

Trop facile, chacun de nous en connait… ;) [ clin d’oeil, sourire]

Si vous voyez des oublis, n’hésitez pas !