lundi 4 octobre 2010, par Sanvin (20/100)
V3 octobre 2010 (mise à jour : cadre international et européen, suite à la parution du livret "Accès au numérique" publié par le CFHE, Conseil Français des personnes Handicapées pour les questions Européennes )
L’accessibilité du Web est définie par le WAI (Web Accessibility Initiative) [1] comme la possibilité pour les personnes handicapées d’utiliser le Web. Plus spécifiquement, l’accessibilité du Web, c’est permettre aux personnes handicapées d’appréhender, comprendre, naviguer et interagir avec le Web, ainsi que contribuer à celui-ci. Permettre l’accès au Web et à tout son contenu est un enjeu majeur pour nos sociétés. Internet devient le moyen incontournable d’accès à l’information dans de nombreux secteurs :
Mettre le Web et ses services à la disposition de tous les individus, quelque soit leur matériel ou logiciel, leur infrastructure réseau, leur langue maternelle, leur culture, leur localisation géographique, ou leurs aptitudes physiques ou mentales.
Les recommandations internationales reconnues pour l’accessibilité du contenu du Web sont les WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) 2.0 publiées le 12 décembre 2008 (après 9 ans de bons et loyaux services de la version 1.0 datée de 1999) par le WAI, groupe de travail du W3C. Le W3C est un consortium international où les structures membres, une équipe de salariés, et le grand public travaillent ensemble pour développer des standards Web. La mission du W3C est :
Amener le World Wilde Web à son potentiel maximum en développant des protocoles et des directives qui garantissent une croissance à long terme du Web.Le WAI est l’organisme chargé de développer l’accessibilité du Web. Les actions du WAI se situent dans cinq domaines :
En respectant ces recommandations, les contenus des sites deviennent accessibles. Cependant pour rendre un site accessible, la difficulté (le temps passé) varie en fonction de la quantité, du type de contenu, de la complexité des fonctions envisagées et bien d’autres critères. On peut dire tout de même que, lorsque la démarche d’accessibilité est initiée au départ du projet, le temps à y consacrer est bien moindre que d’essayer de corriger un site existant. De plus, en mettant en pratique un minimum de ces normes, on peut facilement atteindre un niveau acceptable d’accessibilité pour son site.
Un Web accessible permet aux personnes handicapées d’être des acteurs citoyens dans notre société en garantissant l’égalité des chances dans l’accès à l’information sur le Web. En effet, un site accessible est utilisable par tous les types de handicap, même si parfois cela signifie se munir d’une aides techniques logicielles (lecteurs d’écran, clavier virtuel, dictionnaires prédictifs…), des périphériques matériels d’entrée (souris, claviers, micros, trackballs, pointeur infrarouge, contacteurs à souffle...) ou encore de sortie (synthèse vocale, plage Braille, grands écrans...).
Cependant, l’accessibilité ne touche pas que les personnes handicapées, mais également des personnes ayant des déficiences technologiques (connexion bas débit, surfant sur des téléphones mobiles, un ordinateur portable debout dans un lieu exigu, avec des matériels spécifiques...), des déficiences passagères dues à l’âge ou un manque de compétences informatiques. La population touchée est donc très importante et ne se limite pas aux seules personnes handicapées (on compte déjà, en France, plus de 4 millions de personnes handicapées).
Avec la sortie du décret n°2009-546 du 14 mai 2009 en application de l’article 47 de la loi n°2005-102 du 11 février 2005 qui a été publié le 16 mai 2009 au Journal Officiel, les sites publics ont une obligation d’accessibilité dans les deux ans, pour les sites d’état, ou trois ans pour les collectivités locales.
Au-delà des aspects moraux, éthiques ou philanthropiques, des avantages découlent de la mise en accessibilité du site :
Convention internationale- relative aux droits des personnes handicapées[3].
Cette Convention, a été ratifiée par la France, de même que le Protocole additionnel facultatif, est entrée en vigueur le 20 mars 2010.
La convention fait référence, de nombreuses fois, dans plusieurs de ses articles, aux technologies de l’Information et de la Communication et aux enjeux de l’accessibilité numérique, pour notamment des services en ligne. Elle reconnait à la fois, le fantastique outil d’intégration que représente ces technologies, mais aussi les obstacles et l’exclusion, qu’elles peuvent engendrer, pour des personnes ne pouvant y accéder.
La communication
est définie dans la Convention comme les langues, l’affichage de texte, le braille, la communication tactile, les gros caractères, les supports multimédias accessibles ainsi que les modes, moyens et formes de communication améliorée et alternative à base de supports écrits, supports audio, langue simplifiée et lecteur humain, y compris les technologies de l’information et de la communication accessibles
.
À partir de cette définition, les TIC sont évoquées afin de faciliter :
La Convention affirme, en outre, la nécessité d’encourager la recherche et le développement des TIC à des coûts abordables (article 4).
Les technologies de l’Information et de la Communication sont très largement
évoquées dans l’article 9 traitant de l’accessibilité.
En effet, selon la Convention, l’accessibilité implique l’accès à l’information et à la communication, y compris aux systèmes et technologies de l’information et de la
communication
.
Ceci passe par l’identification et l’élimination des obstacles et barrières à l’accessibilité [qui] s’appliquent, entre autres [...] aux services d’information, de communication et autres services, y compris les services électroniques et les services d’urgence
.
Les États parties doivent prendre des mesures appropriées pour :
Ainsi la Convention des Nations-Unies pose un cadre très large au développement des technologies de l’Information et de la Communication, prises en compte à la fois comme des outils et des moyens de communication devant être développés au profit des personnes handicapées, mais aussi comme un ensemble de services dont l’accès doit être garanti aux personnes handicapées.
En conclusion, la Convention des Nations-Unies donne de nombreuses piste au développement des technologies de l’Information et de la Communication.
Ces technologies étant, à la fois, de nouveaux moyens de communiquer et des outils de la communication devant profiter aux personnes handicapées, mais également, comme des services dont l’accès doit être leur être garanti pour qu’ils puissent jouir pleinement de leur droits fondamentaux.
L’Union Européenne agit en faveur de l’accessibilité des TIC pour les personnes handicapées, en créant un cadre européen dans lequel s’inscrivent les politiques nationales.
La France participe à l’élaboration de ces politiques souples d’encadrement et d’échanges de bonnes pratiques mais aussi aux législations de l’Union européenne qui sont ensuite transcrites dans le droit français.
L’Europe, en de multiples occasions, a réaffirmé sa volonté politique de promouvoir l’accessibilité numérique notamment par : le Plan eEurope 2010 adopté au Conseil Européen de Lisbonne en 2000, la Déclaration Ministérielle approuvée unanimement le 11 juin 2006, à Riga dite "déclaration de Riga" [4]. Dans cette déclaration, les ministres européens avaient fixé comme objectif une accessibilité totale des sites internet publics en 2010.
Pour atteindre cet objectif, la Commission européenne recommandait aux États membres d’assurer « l’accessibilité totale des sites web publics ». Elle recommandait, en outre, aux propriétaires de sites internet « fournissant des services d’intérêt général » et aux « propriétaires d’autres sites web pertinents », d’améliorer leur niveau d’accessibilité.
Dernièrement, cette volonté à été réaffirmée avec :
En matière de web-accessibilité :
La nouvelle stratégie numérique européenne prend en compte certains aspects clés liés au handicap selon une approche systématique de prise en compte des besoins des personnes en situation de handicap.
Elle a également engagé des travaux et des études et organisé des conférences dans ce sens :
La France était une des pionnières avec le vote de la loi n°2005-102 qui porte sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Son article 47 définit l’obligation d’accessibilité des services de communication électronique du secteur public.
Le décret n°2009-546 du 14 mai 2009 en application de l’article 47 de la loi n°2005-102 du 11 février 2005 a été publié le 16 mai 2009 au Journal Officiel, soit plus de 4 ans après le vote de cette loi !
Ce décret décrit donc les modalités d’application de l’article 47 : un référentiel d’accessibilité, le champ d’application, le délai de 3 ans, 2 ans pour les services de communication d’état, la création d’une liste de services de communication publique en ligne non conformes (liste noire) en tant que seule sanction, la formation en accessibilité des agents du secteur public dans le seul cadre de la formation continue.
L’arrêté concernant le RGAA (Référentiel Général d’Accessibilité de l’Administration ) est daté du 21 octobre 2009 et publié au Journal Officiel (29/10/2009). Il s’intitule Arrêté du 21 octobre 2009 relatif au référentiel général d’accessibilité pour les administrations.
C’est, d’après ce texte, la version 2.2 du RGAA qui est la version "En vigueur", elle prend en compte les recommandations WCAG 2.0.
Historique et mise à jour de cet article : V1 avril 2008, V2 mai 2009 (cadre politique)
AccéssibilitéWeb Québec : Accessibilité Web
OpenWeb : Introduction à l’accessibilité
Kinoa : astuces pour améliorer l’accessibilité
Wikipédia : accesssibilité du Web
[1] WAI, introduction sur l’accessibilité (anglais)
[2] W3C, ses missions (anglais)
[3] site du secrétariat de la convention, site du secrétariat en anglais
[4] le communiqué de presse : « L’internet pour tous : les ministres européens s’engagent en faveur d’une société de l’information accessible fondée sur l’inclusion »